Présentation
L'avion exposé est un prototype ayant servi au développement du Dassault Mirage III. Le Mirage III est un avion emblématique des années 1960-1970 qui s’est mesuré aux avions les plus performants de son époque. Il sera notamment le premier avion européen à dépasser Mach 2 en palier, devançant de 2 mois son rival anglais le Lightning. Son aile delta à forte flèche (60°) lui confère une faible traînée en supersonique ainsi qu’une robustesse au facteur de charge et donc une manœuvrabilité excellente. Son réacteur Snecma ATAR 9 doté de post-combustion lui procure une vitesse ascensionnelle et une accélération impressionnante.
Le A 10 sous grue
L'appareil exposé
Cet exemplaire est le dixième et dernier avion de présérie, le Mirage III A 10. Il servit entre autre à la mise au point de la fusée auxiliaire SEPR, qui permet au Mirage III d’avoir accès à des performances de vol améliorées. La photo suivante montre le système SEPR lors d'un test au sol, sur le Mirage III A 07, un autre avion de pré série semblable au A 10.
Après son retrait du service à la fin des années 1970, l'avion est exposée sur le campus de l'ENSICA. En 2015, avec le répprochement de l'ENSICA et de Supaéro, l'avion est transporté jusqu'à son emplacement actuel, à proximité des bâtiment du DMSM et du DAEP.
Le fuselage démonté du A 10
Quelques anecdotes...
- L'origine du nom "Mirage" est donnée par Marcel Dassault : “Son nom vient de ce que cet avion ayant des qualités exceptionnelles est dangereux à l’attaque pour l’adversaire. Quand il se sent menacé, il a des qualités d’évasive qui fait qu’on ne peux pas l’atteindre. Alors, par analogie avec ce qui se passe pour le voyageur du désert qui, quand il voit le mirage, le poursuit et ne l’atteint jamais, on a appelé cet avion aux qualités exceptionnelles, Mirage.”
- Le haut de la dérive a été découpé lors du transfert de l'avion du campus de l'ENSICA à celui de l'ISAE, car il ne passait pas par les ouvertures, on peut encore voir la réparation qui suivit.
- La fusée SEPR développé sur cet avion a permis à un Mirage IIIE d'intercepter en 1967 un avion espion américain Lockheed U-2 qui photographiait les sites nucléaires français. Durant ce vol, l’intercepteur atteint l’altitude de 20 400 mètres (2000m plus haut que l’altitude de vol de Concorde), en rattrappant l’avion espion à Mach 1,7 (soit 1,7 fois la vitesse du son).
- En juin 1972, René Farsy (pilote d’essai de la Snecma) est confronté à l'explosion de la verrière à bord du Mirage III A 10 lors d'un vol de mise au point de la postcombustion à haute altitude (70 000 pieds soit 22 500 mètres) du réacteur Atar 9K50 (qui équipera la série des Mirage F1). Après l'essai, en descente vers 15 000 mètres, la verrière explose. Malgré cet incident grave avec un réacteur éteint puis réallumé, un gilet de sauvetage gonflé ce qui gêne la vision du tableau de bord, il réussit à poser sans problème son appareil “en décapotable“. René Farsy témoigna : "au retour au parking, j'ai mis le siège en position extrême haute et comme je suis très grand,j'étais hors cabine jusqu'à la poitrine. Regrets de ne pas avoir fait faire de photos."
Vous pouvez encore aujourd’hui remarquer l’inscription Atar 9K50 sur le fuselage de l’appareil.
Le Mirage III
Performances
- Vitesse max : Mach 2,2 / 2337 km/h (à 1500m avec fusée SEPR)
- Plafond : 16 500 m
- Vitesse ascensionnelle : 5 000 m/min
- Rayon d’action : 1200 km
- Motorisation : Snecma ATAR 9B/9C 6000/6200 kg de poussée + fusée d’appoint SEPR si installée
Armement
Le mirage III arrive à une époque où le combat aérien commence à être dominé par l’utilisation des missiles air-air et son armement le reflète :
- 2 canons DEFA 552A de 30mm (1200 coups par minute chacun, 250 munitions)
- Points d’emports pour 3 missiles air-air ou 3 tonnes de charge utile (bombes, roquettes …)
Pays utilisateurs
Dans le contexte de guerre froide, de nombreux pays cherchaient à rester indépendant des 2 super-puissances et acheter des avions de combat français permettait de garantir cette indépendance. La France était alors l’un des seuls pays autres que les USA et l’union soviétique à proposer des avions de combat dont les performances étaient similaires aux derniers modèles américains et soviétiques. Le Mirage III a aussi bénéficié de retours positifs des aviateurs israéliens au début de sa carrière. Il a donc connu un grand succès à l’exportation et a été utilisé par 11 pays : Afrique du Sud, Argentine, Australie, Brésil, Espagne, France, Israël, Liban, Pakistan, Suisse, Venezuela.
Engagements
Le conflit le plus notable auquel le Mirage III a participé est la guerre des Six Jours qui eut lieu en juin 1967 entre Israël et ses voisins arabes. Les Mirages III ont alors dû se mesurer au redoutable MiG 21, chasseur soviétique dernier cri doté aussi d’une aile delta ainsi que d’un moteur puissant. Les deux avions avaient des caractéristiques plutôt similaires mais la doctrine d’emploi israélienne procurera un avantage décisif au Mirage III. En effet, l’aviation israélienne revendiquera 28 MiG 21 détruits pour 6 Mirages 3 abattus. Le Mirage III sera ensuite engagé notamment dans la troisième guerre Indo-Pakistanaise de 1971, dans la guerre du Kippour de 1973 et dans la guerre des Malouines en 1982.
Versions
A l’origine conçu pour être seulement un intercepteur, le chasseur se révèle tellement performant qu’il sera décliné en de nombreuses versions pour servir des rôles complètement différents :
- Mirage IIIA: le modèle présenté ici en est un, le Mirage IIIA constitue la version de présérie du Mirage III
- Mirage IIIB: version biplace d'entraînement, il n’emporte ni canons ni radar
- Mirage IIIC: version d’interception équipée d’un radar de tir Cyrano 1bis
- Mirage IIIE: Version d’attaque au sol tous temps équipé d’un radar de tir Cyrano 2 et d’un nouveau réacteur ATAR 9C. Cette version avait en outre une capacité de dissuasion nucléaire
- Mirage IIIR: Version de reconnaissance équipé de 5 caméras dans le nez de l’avion. Les canons sont optionnels.